Une bibliothèque vivante (BV), c’est avant tout une expérience humaine. Un concept né de la Human Library, qui a vu le jour au Danemark et qui s’est depuis répandu dans le monde entier. Ici, pas de livres cartonnés, mais des personnes bien vivantes, porteuses de récits uniques. Ce sont ces êtres humains que l’on « emprunte », le temps d’un échange convivial. Des êtres humains avec de vraies histoires riches et parfois bouleversantes. On les appelle des Livres vivants. Les Livres vivants acceptent généreusement de prêter le temps d’une rencontre, un Chapitre, un fragment, de leur vie à un·e Lecteur·trice — une personne curieuse, respectueuse et prête à écouter.

Chez nous, ce concept a été adapté avec soin par la Fondation Monique-Fitz-Back, en partenariat avec le Centre R.I.R.E. 2000. Pour la tenue de notre événement La diversité… à Livres ouverts !, les Lecteurs·trices ont eu l’occasion d’écouter les récits de vie des Livres vivants, nos bénévoles issues de la diversité ethnoculturelle, religieuse et/ou linguistique. Ces personnes avaient quelque chose de précieux à raconter : leur parcours migratoire, les défis rencontrés, leurs espoirs, les obstacles franchis et leur adaptation à la société québécoise. Surtout, ils ont offert leur voix, précieuse et singulière pour aider leurs Lecteurs·trices à porter un regard neuf et riche d’expériences sur les réalités de la diversité. Chaque lecture de Livre vivant est une fenêtre ouverte sur un monde singulier qui s’adapte au rythme de lecture des participant·e·s.

 

Pourquoi tenir une BV ?

La bibliothèque vivante est avant tout un espace où deux personnes avec des expériences de vie complètement différentes se croisent ; un pont entre des personnes qui ne se seraient peut-être jamais croisées. Peu importe le sujet, le Livre vivant offre à son·sa Lecteur·rice un instant rare : celui de plonger dans une autre réalité. Peut-être racontera-t-il les jours d’avant le départ, les labyrinthes administratifs, la traversée intercontinentale, l’arrivée dans un pays inconnu, les premières impressions, les défis de l’adaptation, ou encore les liens tissés peu à peu dans la société d’accueil. Chaque récit partagé nous révèle la pluralité des réalités humaines, voire la richesse humaine, et nous invite à sortir des sentiers battus pour aller à la rencontre de l’autre-là où commence la véritable découverte.

À titre d’exemple, lors de la bibliothèque vivante organisée par la Fondation Monique-Fitz-Back, voici quelques titres de Livres vivants qui ont été « lus » : « Du déracinement à l’enracinement : de l’épreuve à la renaissance »,
« Une enfance sous les bombes » et « Bien plus qu’un numéro ».

L’opportunité de sortir de soi pour mieux entrer en lien avec l’autre est également une invitation à prendre conscience de ses préjugés afin de les déconstruire. Dans un monde regorgé de clichés, de non-dits et de stéréotypes, dialoguer devient la meilleure avenue possible. S’engager dans un esprit de vrai dialogue permet de mettre un visage humain derrière les idées préconçues afin de réhumaniser « l’autre ». Un des Livres vivants nous a d’ailleurs confié à ce sujet que sa participation était « un moment plein d’humanité ».

Les impacts sur les participant·e·s sont également très importants. Suite à leur lecture, une question était posée aux Lecteurs·rices: Quel a été le moment le plus marquant lors de votre discussion avec votre Livre vivant ? Les réponses obtenues démontrent la portée des témoignages partagés et des impacts ressentis :

• Voir l’empathie, la joie du partage et la générosité de la personne devenue Livre vivant.
• Être capable de voir son point de vue sur la vie et la situation qu’il a vécue.
• Le courage du jeune qui a mis tous ses efforts pour s’intégrer.
• Son obligation à quitter toute une vie à cause de conflits et de se retrouver, sans l’avoir voulu, sous un autre ciel dans l’espoir que quelqu’un ait pitié de lui et de sa famille.

 

Impact positif sur les Livres vivants

Et si on vous dit que la bibliothèque vivante apporte du bien chez les Livres vivants aussi ?

En effet, les Livres vivants aussi en sortent gagnants de cette expérience. La bibliothèque vivante fait du bien des deux côtés. Ses effets, bien que discrets, se font sentir longtemps après les dernières paroles échangées. Des messages empreints d’émotion et de reconnaissance ont été acheminés à l’équipe de la Fondation bien après la tenue de la bibliothèque vivante.

« Merci de nous avoir donné ce privilège de nous exposer à livre ouvert aux gens qui souhaitent nous connaître un peu mieux. Cela, pour moi, est une contribution au vivre ensemble en se connaissant d’abord et à travers nous ceux qui ne pouvaient pas être présents, ces invisibles physiquement. »

Selon les retours de message, les Livres vivants ont eu l’occasion de se faire écouter et d’être valorisés dans ce processus travers la lecture de leur récit de vie.

« La bibliothèque était très belle et c’était vraiment bien organisé! J’étais en confiance et je suis très fière d’avoir participé. »

Qui plus est, un réseau d’amitié et d’entraide a aussi fait son bout de chemin auprès des Livres vivants. Ces « gains invisibles » ne font peut-être pas les manchettes, mais ils brillent dans le cœur de ceux·celles qui les vivent. Comme l’a si bien exprimé un Livre vivant : « savez-vous que j’ai gagné des ami·e·s en vous côtoyant ces 2 belles journées, je m’en souviendrai… ».

 

Qu’en est-il du milieu scolaire ?

Au fil des mois et des années, des bibliothèques vivantes ont vu le jour dans les espaces publics, mais aussi au sein des écoles. Petits et grands ont eu l’occasion d’écouter des récits de vie vibrants, souvent empreints d’émotion. Là aussi, la magie humaine opère. La bibliothèque vivante n’est pas seulement réservée aux adultes curieux. Elle est aussi taillée sur mesure pour les milieux scolaires.

 

Quel est le lien avec le programme de Culture et Citoyenneté Québécoise ?

Plus adaptée pour le secondaire, le concept de bibliothèque vivante peut être arrimé à plusieurs disciplines comme le français langue d’enseignement ou le cours de Monde contemporain. C’est toutefois avec les contenus du programme de Culture et citoyenneté québécoise que les liens sont les plus tangibles notamment :

 

D’ailleurs, des outils pédagogiques ont été réfléchis et adaptés pour le grand public et pour le secondaire. Le constat qu’on a fait lors des bibliothèques vivantes dans le milieu scolaire est simple : les élèves en ressortent grandis, touchés et plus ouverts. Ce genre d’initiative dans les classes fait fleurir l’empathie, la curiosité, et le respect de la cohabitation sociale. C’est aussi ça la bibliothèque vivante, la création de liens vers un vivre-ensemble plus humain, plus doux, plus vrai. Au bout du compte, autant les personnes issues de l’immigration que celles de la société d’accueil ressortent grandies de cette belle expérience humaine. C’est un moment suspendu, un fragment de temps où les barrières tombent et où l’on repart avec, en soi, des trésors d’empathie, de compréhension, de connexion.

 

Conclusion

Les bibliothèques classiques continueront toujours de nous nourrir. Mais les bibliothèques vivantes, elles, risquent de nous marquer profondément. Elles créent des connexions humaines. Elles nourrissent notre âme. Et elles forgent des amitiés et contribuent à mieux vivre-ensemble. Parce que derrière chaque Livre vivant, il y a une histoire, une vie et une voix qui méritent d’être entendues. Alors cela vous a suffisamment convaincu de vivre cette expérience ? À écouter de manière active ? Ou même à organiser votre propre bibliothèque vivante ? Nous avons ce qu’il vous faut!

Vous souhaitez réaliser une bibliothèque vivante dans votre école ?

La Fondation vous partage des outils pédagogiques pour vous aider à les réaliser! Consultez les guides et les outils complémentaires ici>> https://ensemblealecole.ca/bibliotheques-vivantes/